HISTOIRE DE MA LITTERATURE

Attention, chien gentil ( 1983-NEO (*)  Recueil de nouvelles  de Fredric BROWN

1 - La Première enquête de Peter Kidd (The Shaggy Dog

Murders ou  To Slay a Man about a Dog) 1944

Un enquéteur Peter Kidd est bousculé dans une rue par un énorme chien mal tenu par son maitre, un dénommé Asbury. Ce dernier sera le premier client du jour du second à qui il demandera de résoudre un problème abracadabrant : trouver le maitre de l’animal maladroit ou trop affectif et savoir pourquoi on désire le tuer

Peter pense que ces faits sont un canular mis en scène par son ami Wheeler et à qui il tente de rendre la pareille ; mais celui-ci sera victime d’une tentative de meurtre tandis qu’Asbury est retrouvé mort lors d’une troisième agression et tous deux furent des propriétaires éphémères de ce chien gentil que Peter Kidd vient de récupérer

 Une nouvelle où le bizarre côtoie le non-sens et où le délire offre une belle démonstration. L’auteur rappelle avec humour son amour du langage des situations cocasses et des coups de théâtre qui laissent parfois pantois 

2 - Les Quatre aveugles (The Four Blind Men) 1948

La perception d’un groupe témoin d’un même fait est-elle collective ou individuelle ; c’est la question que posera le narrateur au capitaine Gurney chargé de résoudre la mort d’un membre du cirque Harbin-Wilson retrouvé mort. Le policier aidé de 2 autres baptisés Laurel et Hardy va auditionner les témoins ( Gold le comptable, Carle le gardien, Ambers ) qui avouent tous avoir entendus 3 coups de feu lors du drame. La victime un chef de piste Sopronowicz était haï de chacun de ses collègues pour son côté sadique notamment avec les éléphants.

3-Réconciliation (Réconciliation) 1954

La plus courte fâcherie et le non moins long rapprochement d’un couple dans ce bref récit à l’épilogue symbolique :« Dehors, dans ce qui était un instant auparavant la nuit si silencieuse, une fleur rouge éclora et se dressa vers le ciel anéanti. »

4 - Un petit garçon égaré (Little Boy Lost) 1941

 On retrouve dans cette nouvelle simple l’atmosphère des romans de Steinbeck ou de Caldwell au travers l’histoire de cette famille humble qui narre avec une grand-mère pas si sénile que cela et fort astucieuse, sa fille Elsie mère de Eddie qui s’apprête à commettre l’irrémédiable en fricotant avec des voyous en vue d’un hold-up . Il ne se passe rien à priori dans cette journée conforme aux autres où une mamie vante sa mixture centenaire qui sauvait tant sa famille et sauvera son petit fils

5 - Le Coup du chapeau (The Hat Trick) 1943

 Des amis Mae, Walter Elsie et Bob se retrouvent quelques semaines après une soirée arrosée fortement où rivalisant de tours de magie, Walter sortit d’un chapeau une bête « On aurait dit un rat monstrueux noir et hideux …. Ces yeux luisaient comme 2 ampoules rouges et ses longs crocs blancs, en forme de cimeterre, claquaient avec un bruit horrible » Ils avouent être sortis d’un film d’horreur avoir bu plus que de raison et être victimes de cauchemars. Walter remettra à Bob dont la thèse de travail repose l’incapacité de l’humain de croire, un livre qui parle « De créatures d’un autre monde qui vivent sur terre sous un déguisement et se font passer pour des humains »

 L’être humain est-il capable de remémorer un vécu insupportable, effrayant ou irrationnel. Ce sera souvent une interrogation des historiens quant à la mémoire des témoins des drames de la guerre

• - Rien de sinistre-Nothing Sinister * 1942

Carl Harlow victime employé dans une société de caveaux funéraires se lance dans l’élevage d’asticot dans sa région où le nombre de pêchers est imposant dit -il avec humour ; en réalité pour racheter une agence de publicité qui bat de l’aile et a besoin urgemment de 10 000 $ en liquide. En attendant d’avoir ladite somme de Tom Pryor son ex partenaire de jeu et banquier de son état ; il s’en va pratiquer une partie de golf et se fait tirer dessus sans atteinte corporelle grave et cela par quatre fois. L’arrivée de Doc Millard un autre joueur met fin à cette agression gratuite. Après avoir porter plainte il rentre chez lui cuver les boissons ingurgitées auparavant. Dès lors son avenir dont ne seront pas étranger son épouse et Tom Pryor va être doublement contrarié

 L’art d’amener à la présentation des personnages relèvent outre d’un savoir faire et d’un humour anglais

* La nouvelle fut aussi traduite par « Némésis » qui est rappelons- le la déesse de la vengeance

7- Vas-y, Paillasse!  (Tell'em, Pagliaccio!)1943

  Dans une troupe foraine, Pop Williams chargé de l’entretien des animaux va défendre une éléphante accusée de meurtre par accident.

Nouvelle gentillette, moins flamboyante que celles qui s’ensuivent

        *   Connu sous le titre de « Ris donc, Paillasse ! »

• - Attention, chien gentil ! (Beware of the Dog ),1943

 « L’idée du meurtre germa dans l’esprit de Wiley Hughes la première fois qu’il vit le vieil homme ouvrir le coffre »

 Ainsi commence ce court récit très moral dans sa conclusion ; « Le chien dangereux méfiant, le fauve diabolique, s’était pris d’une telle amitié pour Wiley qu’il avait creusé un trou dans la barrière pour le suivre jusqu’à chez lui »

             Il se joue donc entre ces 3 protagonistes : l’assassin, la victime   Erskine et le chien de celle-ci ; bête acariâtre méchante et malnutrie. Si le criminel réussit doublement son coup ; amadouer le chien en lui donnant de la viande et tuer son maître, la bête aura raison de lui

         Micronouvelle par excellence de l’auteur où son humour noir est omniprésent et où la maxime pourrait être quant à la relation avec l’animal : Bien acquis ne profite jamais

*  Connu sous le titre de « attention au chien ! et Hound of Hell

9- Sentence (Sentence) 1954

Charlie Dalton qui a tué un Antarien est condamné par le jury de la planète à mort le lendemain de son arrestation. L’accusé se demande combien d’heures dure la nuit à Antarès. Il lui est répondu 93 ans et en attendant vivres et femmes à volonté lui sont accordées. Et Frederic Brown non sans malice et coquinerie dans cette nouvelle de 40 lignes en stipulant que « Charlie Dalton se mit à manger ; à boire, etc. Mais pas dans cet ordre ; les femmes étaient très belles et il était longtemps dans l’espace »

10 - Par ici la sortie (This Way Out) 1949

Un inspecteur Weston enquête sur la mort d’un PDG Carey et décider s’il s’agit d’un suicide ou non qui a lieu quelques mois après la disparition accidentelle de son épouse et de son fils. Il rencontre l’entourage de Carey et apprend que celui entendait des voix dont l’une lui intimait de mettre fin à ses jours. Fait confirmé par l’associé du mort David Greene qui confirmera avoir un passé d’acteur amateur et de ventriloque sans que cela n’éveille des soupçons

Humour noir avec cette histoire grave qui stimule que pousser au suicide est un crime parfait.

11 - M. Smith et les gangsters (Life and Fire) 1941

 Voilà une nouvelle on ne peut plus désopilante qui met en scène un infatigable agent d’assurances M. Smith « un petit homme au lorgnon à monture d’or genre pince -nez, vêtu d’un costume gris de perle de coupe classique » qui ne perd jamais le nord voire le sens du commerce. C’est cet esprit qui le fait sonner dans une demeure où siègent trois kidnappeurs : Costume à carreaux, Visage Adipeux et Joe qui le prennent dans un premier temps pour un flic. Smith dément et tente de leur fourguer des assurances et même conseiller pour l’un des malfrats le port de lunettes qui décident de l’éliminer. Celui se rebelle maladroitement et avantageusement puisque les 3 intrus seront tués dont un dernier dans l’incendie de cette maison où il n’aurait pas dû vendre des assurances. Mais M. Smith est un passionné et un incorrigible puisqu’aux pompiers il offre ses services ; « Nous vous proposons une police toute spéciale, avec des primes plus élevées et des doubles indemnités »

12 - Il n'est pire sourd… (Cry Silence…) 1948

 Le narrateur en attendant son train surprend une discussion d’un petit groupe qui disserte sur le son voire le bruit et ceci devant Bill Meyers son  voisin de banc déclaré sourd et assassin  supposé de sa femme et de son amant retrouvés morts dans un fumoir à jambons .Le dit lieu fut fermé intentionnellement par Bill qui avoue n’avoir rien entendu de ces  2 prisonniers qui durent lutter pour sortir de cet enferment.

L’auteur fait frissonner le lecteur quand il avoue qu’il n’y a pas pire sourd que celui-ci qui ne voulait pas entendre ou alors y-a-t -il bruit quand il n’y a pas d’oreille pour le signaler ?

13 - Un drôle de zèbre ou Et tourne le mobile…

(The Motive Goes Round and Round), 1943

 De nouveau une nouvelle située dans le monde du cirque où un timide forain Nick Razatsky va résoudre une énigme policière qui voit Toby Nesterman le neveu du propriétaire des lieux accusé de meurtre prétendant de Maggie Evans la belle guichetière dont il est amoureux. Mais l’énigme comme les choix amoureux peut emprunter des chemins inattendus

 Autre nouvelle charmante où le narrateur ne sait pas qu’il est un héros

14 - (Little Apple Hard to Peel) 1942

La nouvelle la plus forte du lot et la plus terrifiante cardéstabilisante . Elle conte la naissance du mal difficile endiguer. Celui-ci est personnifié par Jonathan Lapp fils unique qui ne paye pas de mine « Il était petit pour son âge »

Il est surnommé vu sa force au combat « petit lapin difficile à dépiauter » Une série d’incidents et d’accidents va émailler son passage sans qu’on puisse prouver sa participation. Il disparut du jour au lendemain. Le narrateur aura de ses nouvelles 12 années plus tard le présentant comme un être peu scrupuleux et malhonnête

Len Willis qui fut l’amoureux de Lucinda Howard retrouvée enceinte et noyée lors de son histoire d’amour avec Lapp n’apprécie guère le retour de cet enfant non prodigue. Len a refait sa vie et est père de 2 jumeaux. Ces derniers périront dans un accident criminel. Len décide de se débarrasser de la bête immonde, il sera suivi par le narrateur qui redoute l’affrontement trop tardivement puisque cela se termina par la mort des 2 antagonistes et le témoin de toute cette histoire recueille les derniers mots de Len « Il n’a pas été difficile à dépiauter »

(*) Préface : Brown et son œuvre par Robert Bloch

                        Postface ; Où trouvez-vous vos intrigues par Fredric Brown

Fredric BROWN 1906-1972

Frédéric Brown est un auteur de polars parus dans la Série Noire  (1) et de romans de Science-fiction qui fit outre nos beaux jours dans les années 60-70 et ceux de la collection Présence du Futur (2)  dont il contribua indirectement au succès de la collection au même titre que H. P. Lovecraft , Ray Bradbury.et Richard Matheson.

Il produisit abondamment ;  plus de 250 nouvelle  et une trentaine de romans romans de 1936 à 1965. Les dernières années de sa vie il arrêta d’écrire.

 (1) La Belle et la Bête, Gallimard, Série noire no 1082, 1966 *The Screaming Mimi, 1949)

       Meurtres en filigrane, Série noire no 818, 1963  * His Name was Death, 1954)

       Ça ne se refuse pas, Série noire no 768, 1963 * Knock Three-One-Two, 1959)

(2) crée par les éditions Denoel  en 1954 et arrêtée en 2000. Elle traduisit  de nombreux auteurs anglo-saxons : Brian Aldiss, J. G. Ballard, James Blish, Philip K. Dick, Clifford D. Simak, Roger Zelazny et progressivement de nombreux auteurs français comme Pierre Véry , René Barjavel ,  Jean-Louis Bouquet , Jean-Louis Curtis ou francophones : Jacques Sternberg, Jean Ray, J.-H. Rosny aîné